4 questions à...

Publié le 26/03/2025

Questions à Jules Gombault, doctorant en 2e année de thèse CIFRE (ndlr : en 3e année en 2025), en collaboration avec la SCOBAT

Ingénieur diplômé de l’INSA Rennes en Génie Civil et Urbain, Jules Gombault est en deuxième année de thèse CIFRE (ndlr : en 3e année en 2025) à l’INSA Rennes, thèse qu’il réalise en collaboration avec la SCOBAT1, une entreprise de gros œuvre dont la spécialité est de mettre en œuvre du béton armé. Sa thèse porte sur un béton de terre coulée bas carbone, retenu pour la transition environnementale dans le domaine du bâtiment. Constitué d’argile, il s’avère être un béton à faible impact environnemental. Aujourd’hui l’objectif est d’optimiser et poursuivre la caractérisation de la formulation du BARBE (Béton d’Argile Revalorisée Banché Environnemental) pour aller le plus loin possible dans l’amélioration du matériau.

Regards croisés doctorant entreprises sur ce projet industriel.

Qu’est-ce qui vous a poussé à entreprendre une thèse ?

La problématique de ma thèse a émergé il y a plus de deux ans. Le directeur général de la SCOBAT anticipait l'arrivée de nouvelles réglementations qui allaient contraindre l'utilisation du béton armé dans nos constructions. Face à ce changement, l'idée de transition a émergé, visant à substituer le matériau tout en conservant le savoir-faire de l'entreprise. Pour cela, il s'est tourné vers le LGCGM2, le laboratoire où je réalise ma thèse, afin d’entamer une étude de faisabilité.

Initialement, cette étude visait à évaluer la possibilité de changer le matériau en remplaçant le béton coulé par de la terre crue, inspirée par les pratiques ancestrales de construction en Bretagne. Cette idée a donné le coup d'envoi du projet sur lequel j’ai commencé à travailler à l’occasion de mon stage de 4e année. La fin de ma 4e année s’est conclue par le coulage d’un mur prototype taille réelle. La faisabilité était démontrée, le BARBE pour Béton d’Argile Revalorisée Banché Environnemental, était né. J’ai continué ensuite en 5e année, en contrat de professionnalisation, toujours chez SCOBAT, à développer le procédé et donc la formulation. Les résultats prometteurs obtenus ont conduit l'entreprise, le laboratoire et moi-même à entreprendre les démarches pour transformer ce projet en thèse CIFRE, qui a été acceptée en février 2022.

Quel est l’objectif de votre thèse ?

Concernant le contenu de ma thèse, outre l'aspect de substitution du matériau, il y a également une dimension d'industrialisation, visant à rendre ce nouveau matériau accessible sur des chantiers de plus grande envergure. Cette industrialisation vise à surmonter les difficultés rencontrées par les entreprises artisanales qui utilisent actuellement la terre crue. L'objectif final de la thèse est de parvenir à la commercialisation du matériau développé. Cela implique non seulement d'optimiser sa formulation en laboratoire, mais aussi de mener des tests approfondis pour démontrer sa résistance et sa durabilité dans des conditions réelles. L'entreprise est directement impliquée dans ce processus, ce qui garantit que le matériau répondra aux besoins du marché de la construction.

Quels sont les facteurs de réussite d’une thèse CIFRE ?

Mon parcours m'a conduit à m'engager dans ce projet de thèse qui allie recherche académique et application industrielle. La collaboration étroite entre le laboratoire et l'entreprise est un élément clé de sa réussite, et j'ai la chance de pouvoir bénéficier de l'encadrement de professionnels engagés dans la transition environnementale du secteur de la construction. Les retours d'expérience de l'entreprise guident les recherches menées en laboratoire, ce qui permet d'adapter les formulations aux contraintes réelles du terrain. Cette collaboration étroite contribue à assurer la viabilité du projet et à anticiper les problèmes potentiels lors de la mise en œuvre sur chantier. Ainsi, ma présence régulière à l'entreprise a permis un échange continu entre le laboratoire et les coffreurs-brancheurs, assurant une adaptation constante du projet aux besoins et aux contraintes réelles du chantier.

Et ensuite ?

Actuellement, la formulation est efficace, mais il subsiste des possibilités d'optimisation. À ce stade, il reste encore un important travail en laboratoire pour fournir toutes les validations nécessaires, notamment en termes de résistance mécanique et de durabilité, sans oublier d'autres caractéristiques telles que la stabilité au feu et l'isolation acoustique, tous des éléments cruciaux dans le domaine de la construction et ceci afin d’obtenir une normalisation permettant la commercialisation. Du côté de l'entreprise, le directeur général Hervé Maignen démontre une vision prospective, notamment sur la transition nécessaire. Il est conscient que ceux qui ne prévoient pas cette évolution auront du mal à s'adapter. Travailler pour des individus convaincus de cette transition est très encourageant. Cependant, il ne s'agit pas seulement de suivre une tendance ou de développer un nouveau matériau pour des gains économiques. Bien que l'aspect économique soit important, le principal objectif est de garantir la pérennité de l'emploi en faisant face à la transition du secteur de la construction.

Retrouvez la suite de l'article avec l'interview Hervé Maignen, Directeur Général de la SCOBAT, en p18

1 Laboratoire de Génie Civil et Génie Mécanique (UR 3913 - Université de Rennes, INSA Rennes)
2 Entreprise spécialisée dans les travaux de gros œuvre sur toute infrastructure, SCOBAT, est une société coopérative et participative détenue à 100% par ses 68 salariés et active depuis près de 45 ans. L’entreprise réalise tous types de travaux de gros œuvre, génie civil et tous corps d’état sur le nord de la Bretagne. En novembre 2020, SCOBAT et SATP (Société Armoricaine de Travaux Publics) se sont rapprochées pour se renforcer mutuellement. Fin juin 2023, la société LE PERON CONSTRUCTIONS a rejoint le groupe SCOBAT

 

 

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