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Diane Leblanc-Albarel : compromis temps-mémoire cryptanalytiques

Publié le 13/11/2024 , Dernière modification : 14/11/2024

Crédit photo : ©KaluaTanguy

Diane Leblanc-Albarel, docteure au sein de l'équipe SPICY à l'IRISA (UMR 6074 - CNRS, CentraleSupélec, ENS Rennes, IMT Atlantique, Inria, INSA Rennes, Université Bretagne Sud, Université de Rennes)

 

Enfant, Diane Leblanc-Albarel jouait à écrire des messages chiffrés. Et au lycée, elle a suivi des interventions en cryptologie qui l’ont captivée. L’INSA Rouen, avec son module cryptographie, représentait donc la suite logique de son parcours. Mais ce n’était pas suffisant. Pour accomplir son rêve, l’étudiante s’est lancée dans une thèse à l’INSA Rennes, soutenue en 2023.

Comment Diane Leblanc-Albarel s’est-elle orientée vers son domaine de prédilection ? « En 3e année de génie mathématique à l’INSA Rouen Normandie, j’ai compris qu’une formation supplémentaire s’imposait pour aller plus loin en cryptographie, se souvient-elle. Je me suis donc inscrite en master de sécurité des systèmes d’information à l’Université de Rouen Normandie. » Et en 2020, elle obtient à la fois le diplôme d’ingénieur de l’INSA Rouen Normandie et le master SSI de l’Université de Rouen Normandie.

La voie de la recherche

À l’occasion du stage qui lui avait ouvert les portes de son master, Diane Leblanc-Albarel découvre alors tout l’intérêt de la recherche. « En discutant avec des doctorants, j’ai perçu la liberté dans le traitement des sujets. » Connaissant sa passion pour la cryptographie, un enseignant l’oriente vers Gildas Avoine, professeur en sécurité informatique et cryptographie à l’INSA Rennes1. « J’ai pu effectuer mon stage de fin d’études au sein de l’IRISA2, puis j’ai poursuivi en thèse, sur les compromis temps-mémoire cryptanalytiques, financée par une bourse du CNRS, sous la direction de Gildas Avoine et Xavier Carpent », précise-t-elle.

En quoi consistent ses travaux ? En clair, les mots de passe sont stockés sur ordinateur sous forme d’empreintes, des « hashs ». Il est facile de calculer l’empreinte d’un mot de passe mais très difficile de retrouver un mot de passe depuis son empreinte. « D’où l’intérêt de recourir à des "compromis temps-mémoire" utilisant des tables3 pour retrouver les mots de passe depuis leurs empreintes. En distribuant les calculs sur plusieurs ordinateurs, j’ai divisé par 10 le temps de génération de ces tables4. »

Une thèse pour se découvrir

Durant sa thèse, Diane Leblanc-Albarel bénéficie d’une précieuse liberté, tout en disposant du soutien permanent de Gildas Avoine. « Parfois nous n’étions pas d’accord sur la voie à suivre, mais si j’étais déterminée, il me laissait tester mon intuition, pour voir si elle tenait ses promesses. » Pour autant, liberté et autonomie ne signifient pas des recherches menées en solitaire. « Bien au contraire, la recherche est un travail d’équipe qui s’enrichit des points de vue de chacun. Par exemple, j’ai eu l’opportunité de partir trois mois à l’Université Nottingham pour travailler avec Xavier Carpent. »

Soutenue avec succès, sa thèse fut productive : quatre publications acceptées et deux en cours de soumission, un article dans The Conversation et un chapitre du livre « Le calcul dans tous ses états », à paraître en 2024 chez CNRS Edition.

Diane Leblanc-Albarel a aussi profité de cette période pour s’investir dans l’enseignement et dans l’administratif, en étant élue au conseil scientifique de l’INSA Rennes et représentante des doctorants de la composante IRISA. « J’étais au plus près des décisions prises, ce qui permet de défendre les intérêts des doctorants et d’apprendre énormément sur l’organisation de la recherche, conclut-elle. Vraiment, je ne regrette pas d’avoir fait une thèse. J’ai beaucoup appris sur moi-même, compris que l’intuition et la détermination étaient clés et – cerise sur le gâteau – décroché un post-doc avec Bart Preneel, l’un des meilleurs experts européens en cryptographie, à la KU Leuven en Belgique, dans l’équipe COSIC. Le rêve continue ! »


1 Cf. Inside Labs n°3
2 Institut de Recherche en Informatique et Systèmes Aléatoires
3 Appelées tables "arc-en-ciel"
4 7 à 13, plus précisément

 

 

 

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